Les foils en C d’Alex Thomson pour l’IMOCA Nexans – Art & Fenêtres

En chantier depuis le mois de décembre, le monocoque de Fabrice Amedeo est en pleine transformation avec la mise en place de foils en C. Acquis auprès du team Alex Thomson Racing dont l’équipe technique participe à leur mise en place, ces nouveaux foils, bien plus grands que ceux de génération 2016 qui l’équipaient jusque-là, vont permettre de gagner en vitesse mais aussi en polyvalence. Le skipper Nexans – Art & Fenêtres et son équipe se réjouissent de cette évolution en vue du prochain Vendée Globe.

VENDEE GLOBE 2024 : RESTER DANS LA COURSE

Le tour du monde se prépare dès maintenant au sein des écuries de course au large. Pour le Team Nexans – Art & Fenêtres, le projet de transformation du monocoque 60’ de Fabrice Amedeo – mis à l’eau en 2015 et qui avait gardé la V2 des petits foils d’origine depuis 2016 – avait pris forme à l’été 2021. « Assez rapidement, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de bateaux en construction pour le Vendée Globe 2024 », explique le skipper. 13 nouveaux IMOCA devraient en effet être au départ du prochain tour du monde en plus des 8 bateaux de génération 2020. Soit 21 IMOCA à grands foils auxquels s’ajoutent les bateaux d’anciennes générations déjà transformés comme celui de Romain Attanasio ou celui d’Arnaud Boissières. « Sur 35 ou 40 bateaux au départ, on en aurait eu au moins 25, voire plus, qui auraient été plus rapides que nous. Donc il fallait faire évoluer Nexans – Art & Fenêtres pour rester dans la compétition », analyse Fabrice Amedeo.

UNE DEMARCHE PRAGMATIQUE

Convaincu par ce nouveau projet, le skipper Nexans – Art & Fenêtres a deux idées en tête : trouver une solution la plus fiable et efficace possible, et étudier la faisabilité de réutiliser des foils existants. « Je voulais essayer d’avoir un projet ‘plug and play’. L’idéal était de prendre des foils qui existent déjà, ou en tout cas un design déjà existant, pour éviter l’usine à gaz avec du développement et des architectes parce que je ne suis pas ingénieur et qu’à l’époque, nous n’avions pas les compétences en interne. » Fabrice Amedeo s’est alors rapproché de Michel Desjoyeaux. « J’ai fait un peu comme lorsque j’étais journaliste. Je lui ai demandé : ‘si tu devais faire un bateau vraiment typé pour le prochain Vendée Globe, qu’est-ce-que tu ferais ? ‘ Et il m’a répondu sans hésitation qu’il mettrait des foils en C pour plusieurs raisons. »

DES ARGUMENTS IMPARABLES

1/ Des foils rétractables. « On peut les rentrer lorsque les conditions deviennent dangereuses ou dans les zones où il y a beaucoup de baleines par exemple, explique Fabrice. C’est un super élément de sécurité. »
2/ Des foils modulables. « Ce n’est pas ON ou OFF. Tu peux mettre 100%, 80%, 60% du foil en fonction de là où tu veux mettre le curseur, ce qui est hyper intéressant en termes de performance. »
3/ Des foils très rapides au portant. « Souvent, certains bateaux arrêtent de voler à partir de 135° du vent. Avec ces foils, nous allons pouvoir glisser un peu plus au portant et continuer à voler », conclut le skipper.

Autant d’avantages particulièrement intéressants pour une course comme le Vendée Globe dans laquelle le portant est l’allure prédominante. Et dont le parcours, long et traversant des zones très hostiles comme le Grand Sud, nécessite une plus grande polyvalence que sur des courses transatlantiques.

LES FOILS EN C D’HUGO BOSS : LA SOLUTION ‘PLUG AND PLAY’

Mais peu de foils en C existent ! Fabrice Amedeo a donc tout de suite pensé à l’IMOCA Hugo Boss et appelé son skipper Alex Thomson qui lui a confirmé que c’était « une super idée » et l’a mis en relation avec Ross Daniel, son team manager en juin dernier. « Ils avaient deux paires de foils pour leur IMOCA qui a fait le dernier Vendée Globe, dont une à vendre, explique Fabrice. Nous avons donc décidé de partir sur ce projet-là, un projet comme je le voulais puisque les foils existent déjà. Et c’est VPLP, le cabinet d’architecture navale du bateau Hugo Boss, qui est également co-designer de notre bateau – un plan VPLP-Verdier – qui pilote le projet. »

« Nous sommes très contents de travailler avec Fabrice sur ses nouveaux foils, et je pense qu’ils permettront d’upgrader son bateau pour gagner en compétitivité pour le Vendée Globe 2024 », affirme Alex Thomson.

UNE EQUIPE RENFORCEE

Une fois les foils trouvés, il a ensuite fallu monter une équipe pour mener le chantier. Fabrice Amedeo a alors décidé d’intégrer les Anglais au projet et de travailler avec eux. « L’équipe qui a participé à la construction du dernier Hugo Boss était disponible, explique le skipper. Nous avons convenu qu’ils construiraient les puits de foil et viendraient les installer à Lorient. » Quatre Anglais de Pro Build Composites ont donc rejoint le Team Nexans – Art & Fenêtres. « Ils ont démonté les systèmes de foils actuels et vont avancer l’implantation des nouveaux foils de 55 cm, donc ils vont ouvrir à nouveau le bordé, puis le pont et enfin installer les nouveaux systèmes. »

En parallèle, une équipe de cinq personnes spécialisées en stratification travaille sur toute la partie ‘renforcement structurel’ sous la direction de Simon Chevallier, responsable composite du Team Nexans – Art & Fenêtres. « La zone de slamming, donc d’impact sur l’océan, va être plus reculée du fait de ces grands foils. Il faut donc faire toute une série de renforts structurels sous la coque au niveau de la zone de quille. Il y aura ensuite tout un chantier lié à la jauge. Tous ces travaux alourdissent le bateau qui doit continuer à passer le test à 180° : s’il se retourne, il faut qu’il puisse se relever tout seul. Donc on va avoir une casquette un peu plus volumineuse avec plus de flottabilité », ajoute Fabrice.

UN PROJET AMBITIEUX ET ENTHOUSIASMANT

Neuf personnes ont donc rejoint les cinq membres du Team Nexans – Art & Fenêtres pour réaliser ce projet, le plus ambitieux de la carrière du journaliste devenu skipper il y a cinq ans. « Il y a eu un peu de pression au début, ça n’a pas été facile à orchestrer, mais Eric Lamy mon nouveau Team manager a mené tout cela d’une main de maître, raconte Fabrice. Le fait de travailler en équipe avec les Anglais permet au chantier d’avancer hyper vite. Il y a une vraie belle énergie, tout le monde est content. Ça plante déjà la bonne graine pour être heureux d’être en mer, sur un beau bateau, et pour aller chercher de la performance et du dépassement. En vitesse pure nous serons toujours moins rapides que les bateaux de génération 2020 et 2024, mais nous allons réduire cet écart. Et puis le Vendée Globe est une course atypique dans laquelle on ne peut pas pousser les bateaux à 100%. Dans ces moments où on lève le pied, mon bateau va être très intéressant parce qu’il a une carène assez puissante qui sera plus tolérante que celles des bateaux de nouvelle génération. Ces derniers sont par ailleurs de plus en plus pointus et longs à prendre en main. »

D’ici là, une belle saison en solitaire attend Fabrice Amedeo, bien conscient qu’un travail d’apprentissage l’attend à l’issue du chantier prévue mi-avril : la Bermudes 1000 Race en mai, la Vendée – Arctique – Les Sables d’Olonne en juin, le Défi Azimut en septembre puis la mythique Route du Rhum en novembre sont au programme. « C’est une bonne chose d’avoir fait ce chantier tôt. Nous avons trois saisons pour préparer le Vendée Globe, pour se familiariser avec le bateau dans sa nouvelle version et pour le fiabiliser. J’échange beaucoup avec Eric Lamy qui avait fait un chantier similaire avec Initiatives Cœur et j’ai bien conscience que je vais avoir un bateau qui va être plus rapide, plus impressionnant, avec des réglages différents et de nouvelles sensations. Ça va être un défi énorme d’apprendre à naviguer sur ce ‘nouveau bateau’ et c’est très excitant », conclut le skipper.

 

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