
Le Horn, un cap symbolique pour Fabrice Amedeo
Ce mercredi à 21h00, Fabrice Amedeo a franchi pour la deuxième fois de sa carrière le mythique cap Horn, une étape marquante dans sa participation au Vendée Globe. Situé à l’extrême sud du continent américain, ce passage est un moment clé pour tous les marins, symbolisant la sortie des tumultueuses mers du Sud et le début de la remontée vers l’Atlantique Nord et les Sables-d’Olonne. Pour le skipper de Nexans – Wewise, ce passage n’est pas un exploit mais un joli cap dans sa course, chargé de sens et d’émotions. Ce moment lui permet de tourner la page d’un Pacifique exigeant, rythmé par le froid, l’humidité et des vents capricieux, tout en ouvrant la voie à de nouveaux horizons – il l’espère – plus cléments.
« Je suis passé tout près du cap Horn. A présent, je vais pouvoir admirer les îles voisines puis découvrir un peu la Patagonie. Ça promet d’être incroyable ! », a confié Fabrice avec enthousiasme. Le marin a vécu une expérience exceptionnelle en approchant lentement le célèbre rocher, dans des conditions de vent léger. « C’était vraiment unique, avec de magnifiques jeux de lumière, malgré le froid intense. Déborder la pointe dans de telles conditions était particulièrement sécurisant », ajouté le skipper, confessant avoir mal dormi la nuit précédente en raison de son excitation : « J’étais vraiment impatient à l’idée de passer ce cap. Le cap Horn, qu’on soit en tête ou en queue de course, reste un passage emblématique pour tous ! »
Un « tunnel des mers du Sud » exigeant
Ce franchissement marque aussi la fin d’une période particulièrement éprouvante. « Les mers du Sud touchent à leur fin, et quel tunnel cela a été ces deux dernières semaines ! La navigation le long de la zone des glaces (ZEA) a été particulièrement complexe, avec le risque constant de croiser des icebergs, une visibilité quasi nulle et un temps très gris. Ensuite, j’ai dû composer avec une traîne de dépression et des vents d’ouest, enchaînant les empannages et les zigzags sans jamais vraiment aller dans la bonne direction : tantôt nord-est, tantôt sud-est. Autant dire que le cap Horn s’est fait attendre ! » Avec l’île désormais derrière lui, Fabrice entrevoit un horizon plus favorable. « L’Atlantique Sud s’annonce prometteur, avec un vent qui devrait rapidement basculer pour faciliter notre remontée vers le Nord. Passer le Horn, c’est aussi le plaisir de mettre le cap à gauche et d’engranger les milles en direction de la maison. Et si ces premiers milles s’enchaînent rapidement, c’est un vrai boost pour le moral. »
Des souvenirs marquants et des conditions extrêmes
Ce n’est pas la première fois que le skipper franchit ce passage emblématique, mais chaque expérience a son lot de particularités. « Il y a huit ans, j’abordais le cap Horn avec l’innocence du débutant. Je m’attendais à affronter des vents de 30 nœuds, mais j’en avais eu 55, amplifiés par l’effet de canalisation le long de la cordillère des Andes. Autant dire que j’étais sous tension ! Puis, à mon arrivée, le vent était tombé complètement, me laissant admirer un coucher de soleil spectaculaire. Ce fut un moment intense, chargé d’émotions, presque magique, comme une véritable libération, finalement exactement comme cette fois !». Cette année, malgré une traversée globalement calme du Pacifique, le froid et l’humidité ont été des adversaires redoutables. « Depuis une bonne dizaine de jours, le froid est intense. Mon petit chauffage fonctionne, mais il s’éteint après dix minutes. Je l’utilise par courtes sessions pour chauffer un peu la cabine et assainir l’air. C’est l’humidité qui est finalement la plus gênante. » Malgré tout, le journaliste-skipper a trouvé une solution pour améliorer son confort : « J’ai ajouté une couverture de survie par-dessus ma couette en mérinos. Cela m’a sauvé, car je grelottais. »
L’océan, entre défis et récompenses
Malgré les difficultés, Fabrice reste émerveillé par ce que la mer peut offrir. « Lundi, il y a eu un moment de rédemption : il s’est mis à faire doux, et il y a eu une éclaircie. J’ai tout ouvert, tout aéré. Ça a été un vrai bonheur. L’océan distille de temps en temps des petites récompenses. » Cette expérience illustre parfaitement la dualité de la vie en mer : des défis parfois éprouvants, mais illuminés par des moments de grâce qui apaisent l’âme. Le solitaire, porté par ces instants précieux offerts par l’océan, trouve la force de poursuivre son voyage, plus connecté que jamais à la beauté et à la puissance de la nature.