Au contact du monde, le vrai

MESSAGE DU BORD DE NEWREST ART & FENÊTRES

Bonjour à tous,

Je suis parti des Sables d’Olonne plein de bonnes intentions et notamment avec celle d’écrire un journal de bord pour partager ce bonheur d’être seul au large, loin du monde habité, au contact du monde, le vrai, celui de cette nature sauvage et envoûtante que l’on trouve sur les océans. Mais la régate a vite pris le dessus. Ma trajectoire, mon réglage de voile d’avant, le vent monte, il faut choquer, vite me reposer quelques instants. Ces moments trempés à vivre à quatre pattes comme un chien quand le bateau avance à plus de 20 nœuds sur une mer démontée au large de l’Irlande, le royaume des dépressions, même l’été. L’imagination et l’inspiration ont fondu au contact du feu de la compétition qui brûlait en moi.

Mais je ne pouvais passer le wayoint Gallimard sans tenter de prendre quelques instants ma plume malgré la fatigue et l’intensité de la régate. La route est encore longue mais je reviens vers vous avec la rétine emplie de ces éclairages bleus des latitudes septentrionales, ce gris de la mer en Irlande, ce rouge du lever de soleil avant-hier, là au milieu de nulle part, où la nuit est encore si courte. Et depuis quelques heures, une nouvelle vibration en moi : ce bonheur absolu vécu cette nuit. La mer était plate. Le vent à la meilleure allure pour aller vite. Et voilà que nous avons déboulé des heures durant à 20 nœuds. Ivresse de la vitesse mais aussi sentiment de voler sur les flots, de courir sur les eaux.

J’avais déjà vécu de tels moments à bord de mon Newrest – Art & Fenêtres, mais à 118 jours du Vendée Globe, cette nuit prend un sens tout particulier. C’est pour de tels moments que je pars et que je me prépare depuis trois ans. Naviguer à grande vitesse dans les mers du Sud. En avant des dépressions, quand le vent sera déjà là mais l’océan encore lisse. Là-bas, aucune limite, aucune restriction : tout donner pour ressentir cette jouissance extatique en moi, cette puissance dans les entrailles de mon compagnon de carbone. Cette page est à écrire, il me reste quelques mois pour être au rendez-vous.

Fabrice
Newrest – Art & Fenêtres

 

POINT COURSE

Ce lundi, Newrest – Art & Fenêtres continue de gagner du terrain. Il était 7ème depuis 9h30, juste devant le SeaExplorer – YC Monaco de l’Allemand Boris Herrmann qui revient au classement de 13h, et à seulement 35 milles (115 milles hier soir !) du leader Apivia (Charlie Dalin). Comme prévu, la nuit a favorisé un regroupement de la flotte à l’approche de la marque de parcours Gallimard, à 500 milles au large, à l’ouest des Sables d’Olonne.
Avec 33 changements de leaders depuis le départ, la Vendée – Arctique – Les Sables continue d’imposer un rythme physique et stratégique infernal aux 17 concurrents encore en course (sur 20 au départ). « La régate est tellement intense que j’ai constamment le nez dans mes voiles et la stratégie, » explique Fabrice. Les vitesses sont retombées après les longs vols sur mer plate cette nuit, « sous le ciel étoilé et le bateau qui avance à 18 nœuds, c’était absolument incroyable. Rien que pour ça, ça valait le coup de faire tout ce chemin, » disait Fabrice ce matin. Fini le brouillard et les nuages gris et humide, « on est à la latitude de la Bretagne, c’est l’été qui commence, donc le moral est bon. »
Encore quelques heures dans la pétole pour contourner le waypoint, puis « ça part sous gennak pour sortir de la dorsale, tout droit au reaching jusqu’aux Sables d’Olonne que je pense atteindre dans la nuit de mardi à mercredi, entre 2 et 6 heures du matin, heure française. »

Boris Herrmann (SeaExplorer – YC Monaco) à portée de vue…

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