Tour de France Microplastiques : Fabrice Amedeo à bon port à Hendaye
Le skipper Nexans – Art & Fenêtres est arrivé à Hendaye ce lundi matin à l’issue d’une navigation de près de 1000 milles au plus près des côtes françaises. Une expérience passionnante à bord d’un voilier de 32 pieds qui lui a permis de récolter des données précieuses sur l’état de nos océans le long de la bande littorale.
Fabrice Amedeo a été accueilli par un magnifique lever de soleil sur le Pays basque lundi matin et a amarré son voilier de 32 pieds, équipé de capteurs océanographiques, à la marina d’Hendaye dans la foulée. Une escale qui marque la fin du premier tronçon du tour de France microplastiques entrepris par le skipper. Parti de Dunkerque le 27 juin au soir, Fabrice Amedeo aura mis 8 jours pour rallier le port de la côte basque après avoir longé les côtes françaises avec minutie. « Contrairement aux apparences, ce n’était pas de la croisière, explique-t-il, fatigué, quelques heures après son arrivée. Le bateau n’était pas équipé pour être vu par les bateaux de pêche et les cargos, du coup j’ai dû m’astreindre à une veille quasi permanente la nuit. Et quand on navigue si près des côtes à cette époque de l’année, ce n’est jamais le moment de dormir car il se passe toujours quelque chose ».
Les deux capteurs de l’Imoca, celui de température, salinité, température d’une part, et celui de microplastiques d’autre part, tous les deux financés par Onet et Eléphant Bleu, ont tourné 24 heures sur 24 mais c’est bien le capteur de microplastiques qui était au cœur de toutes les attentions sur cette navigation originale au service de la Science. « Le premier capteur a tourné sans arrêt comme au large, explique Fabrice. Le seul enjeu était de s’assurer qu’il fonctionne et que mon équipe ait réussi à l’installer dans un temps très court avec fiabilité sur un autre bateau. Et ce fut le cas, un grand bravo à elle ! ».
Pour le capteur de microplastiques, tout un protocole avait été défini par les scientifiques de l’Ifremer, de l’Université de Bordeaux et de l’IRD. Fabrice devait partir avec le même dispositif qu’au large : un jeu de filtres de 30, 100 et 300 microns pour piéger trois tailles différentes de microplastiques. Pour des mesures plus précises en revanche, les filtres devaient être changés toutes les 8 heures et non toutes les 24 heures. « Dès le départ de Dunkerque, nous nous sommes rendu compte que les filtres s’obstruaient très rapidement en naviguant près des côtes, ce qui n’est pas le cas au large, explique Fabrice. Nous avons alors décidé de retirer le filtre de 30 microns et avons fait toute la navigation avec des filtres de 100 et 300 ». La seule interrogation est maintenant de savoir si les filtres étaient obstrués par des concentrations importantes de microplastiques le long des côtes ou si c’était du zooplancton. Réponse dans quelques mois quand les scientifiques auront pu analyser l’ensemble des filtres.
Fabrice a en revanche pu suivre à la lettre la demande des scientifiques d’un arrêt de trois heures dans les estuaires pour évaluer les rejets de nos fleuves en matière de plastique. « Nous n’aurions jamais pu faire le travail avec l’Imoca, se félicite Fabrice. Durant cette navigation, j’ai lu et suis tombé sur cette citation de Saint Exupéry : « Un pessimiste fait de ses occasions des difficultés et un optimiste fait de ses difficultés des occasions ». Je suis fier que nous ayons pu rebondir ainsi et réaliser cette première série de mesures ».
Prochain rendez-vous : fin août en Méditerranée pour réaliser le dernier tronçon de ce tour de France microplastiques.
« Quel privilège de redécouvrir notre littoral si beau, si varié, et la chance que nous avons de vivre en France. Des brumes de Calais et ses cargos, au vol des fous de Bassan devant Barfleur, en passant par un bateau de pêche dans le Four, un coucher de soleil sur le raz de Sein, ou encore la dune du Pilat, ce Tour de France Microplastiques est aussi pour moi une magnifique redécouverte de nos côtes. »