Ne tapez pas sur la Vendée Arctique ! L’aventure fut incroyable.
Sur la route du retour dans le sud d’une dépression et au nord de l’Irlande ! Je vois que les médias sont critiques envers la Vendée Arctique tout comme nombre de supporters sur les réseaux sociaux. Des questions sont posées. Fallait-il aller en Islande ? Fallait-il neutraliser la course ? Ne fallait-il pas laisser chaque marin choisir en son âme et conscience ?
Hé bien oui il fallait aller en Islande. On ne prépare pas le Vendée Globe, on ne prépare pas l’Everest des mers en mouillant des parcours entre Lorient et Santander. De son côté la direction de course n’a pu que faire au fur et à mesure des aléas et de l’évolution des fichiers météo. D’abord annuler le tour de l’Islande qui n’était plus possible. Puis neutraliser la course car la descente n’était plus jouable pour les leaders. Puis mettre un terme à la course car attendre un nouveau départ le long de la côte devenait dangereux pour nos bateaux. La course océanique n’est pas une science exacte et c’est justement ce pour quoi nous partons. Alors oui nous avons échoué à faire le tour de l’Islande mais l’échec n’est-il pas inhérent à toute aventure ? Et quelle incroyable aventure pour moi que de traverser cette tempête et ces rafales à 65 noeuds. Quelle aventure de voir les bateaux de Charlie et Thomas au mouillage dans un fjord islandais. L’océan est l’un des derniers espaces d’aventure et de liberté. La course au large un de ces sports qui se confronte aux éléments et qui échappe au normativisme de nos sociétés où tout doit être contrôlé, aseptisé, anticipé. Je pourrais encore et encore partir juste pour ressentir cette adrénaline dans mon libre arbitre de marin au matin du 17 juin : cette tempête, tu te la cognes ou tu fais demi-tour ? Cette émotion une fois la ligne franchie et ces paysages à couper le souffle éclairés par le soleil de minuit. Alors oui. Il fallait aller en Islande. Quelle aventure incroyable. Il faudra y retourner et longue vie à la Vendée Arctique !