Fabrice Amedeo prend la décision d’abandonner 

Privé de système informatique depuis hier matin, le skipper de Newrest – Art & Fenêtres a mis le cap vers l’Afrique du Sud. « C’est une décision difficile à prendre », confie-t-il alors qu’il abandonne pour la première fois dans une course d’envergure.

Le choc est rude et la décision difficile. Compétiteur dans l’âme, marin passionné, Fabrice Amedeo doit se résoudre à abandonner le Vendée Globe. Depuis jeudi matin, le skipper de Newrest – Art & Fenêtres est privé de ses deux ordinateurs. Seul le GPS du bord lui permet de connaitre sa position sur l’océan. « Nos bateaux à foils sont diaboliques dans du vent fort, explique Fabrice. Je veux pouvoir naviguer selon un principe qui a toujours été le mien : en bon marin et en ayant le sentiment de maîtriser ma sécurité et celle de mon bateau ». L’avarie est survenue alors qu’il évoluait en 21e position dans un vent de 25 à 35 nœuds et une mer très formée. « C’est très dur à encaisser », reconnaît-il alors qu’il se rend désormais à Cape Town (Afrique du Sud).

Fabrice s’était accroché comme jamais 

Depuis le départ, il y a 33 jours, Fabrice Amedeo a fait preuve d’une abnégation rare alors que les ennuis se sont multipliés. Quelques heures après le départ, le 8 novembre dernier, le skipper de Newrest – Art & Fenêtres avait dû faire demi-tour à cause d’une avarie en tête de mât. Immobilisé deux jours aux Sables-d’Olonne, il avait pu repartir en bénéficiant des encouragements des Sablais sur le chenal, une vague d’enthousiasme précieuse. « Je vais puiser dans l’amour et les encouragements de ces personnes pour braver les ennuis », écrivait-il alors.

Ensuite, rien n’a été facile. Dès la première nuit, il affronte des rafales de 42 nœuds et son premier ordinateur de bord ne résiste pas. Il doit utiliser le second et reconnaît « vivre avec une épée de Damoclès ». Puis, Newrest – Art & Fenêtres a dû résister aux affres du pot au noir – beaucoup moins favorable que pour le reste de la flotte – se rapprocher des côtes brésiliennes et batailler contre l’anticyclone de Sainte-Hélène. Dans cette difficile progression, les conditions n’ont jamais été à sa faveur.

Malgré toutes ces difficultés, Fabrice est resté optimiste en attendant « des jours meilleurs » et que « la chance tourne ». Il était parvenu à rattraper et prendre la tête d’un groupe de huit skippers. Le problème informatique a mis un arrêt brutal à sa progression. Positionné à 190 milles des côtes sud-africaines, il fait actuellement route vers Cape Town qu’il devrait atteindre demain soir ou dimanche matin. Son équipe technique s’organise pour le rejoindre et faire les réparations nécessaires afin de permettre à Newrest – Art & Fenêtres de reprendre la mer en sécurité. Le bateau étant équipé de deux capteurs océanographiques toujours en fonction, la collecte de données précieuses pour les scientifiques va continuer et permettre une campagne de mesures sur un tour complet de l’Atlantique.

Les mots de Fabrice Amedeo, du bord de Newrest – Art & Fenêtres :

« Chers amis. Mon bateau va bien. Nous avons pris soin l’un de l’autre et j’avais géré quelques petites bricoles dans l’anticyclone de Sainte-Hélène. Mon bateau va bien mais depuis hier il est aveugle : suite à un nouveau problème d’ordinateur, je ne peux plus télécharger les fichiers météo, calculer la trajectoire optimale, la plus rapide possible mais aussi parfois la plus sage possible. Face à cet obstacle irrémédiable sur ma route, deux options : arrêter ici mon Vendée Globe ou continuer. Il est possible de continuer à l’ancienne, sans information et de traverser ainsi les mers du Sud. Se laisser pousser par les éléments pendant un mois vers le cap Horn. Mais nos bateaux à foils sont diaboliques dans du vent fort et je veux pouvoir naviguer selon un principe qui a toujours été le mien : en bon marin et en ayant le sentiment de maîtriser ma sécurité et celle de mon bateau. J’ai donc décidé d’arrêter à Cape Town mon Vendée Globe. C’est une décision qui a été difficile à prendre mais que j’assume. Je suis très malheureux mais je sais que je vais rebondir. Je remercie et je pense fort à mes partenaires à qui je rêvais d’offrir une arrivée aux Sables d’Olonne, comme une petite lumière au bout du tunnel de cette année 2020 qui a été compliquée pour tout le monde. J’adresse aussi un immense merci à mon équipe technique qui a fait un super travail. Le Vendée Globe raconte des histoires de vie et l’échec en fait partie. Je vais digérer cet échec qui me fera grandir et revenir plus fort et plus solide. »

 

Photo : Jean-Marie Liot

 

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