Tour de France Microplastiques : nouveau départ le 27 juin
Fabrice Amedeo partira le dimanche 27 juin de Dunkerque à bord d’un voilier de 32 pieds pour un Tour de France Microplastiques. Objectif : réaliser une campagne de mesures du niveau de pollution aux plastiques le long de nos côtes.
Un incident survenu à bord de son Imoca Nexans – Art & Fenêtres et le retour en chantier du bateau avaient marqué un coup d’arrêt dans le projet océanographique et citoyen de Fabrice Amedeo. C’est finalement à bord d’une plus petite unité de 32 pieds que le skipper s’élancera le 27 juin prochain pour mesurer les taux de microplastiques le long des côtes françaises. « La réparation de notre Imoca allait nous faire perdre du temps dans notre préparation sportive et nous avons la Transat Jacques Vabre en ligne de mire à la fin de l’année, explique Fabrice Amedeo. La décision a été facile à prendre. Nous avons la chance d’avoir un projet avec deux piliers : un pilier sportif et un pilier citoyen. Le bateau de course est en réparation mais rien ne nous empêche de poursuivre notre projet pour l’Océan ». Un projet accueilli avec d’autant plus d’enthousiasme par les scientifiques de l’Ifremer, de l’université de Bordeaux et de l’IRD, que les mesures doivent se faire à 1,5 milles des côtes et qu’une vitesse réduite sur un bateau plus lent permettra des mesures plus précises.
Plusieurs types de filtres seront utilisés par Fabrice comme ce fut déjà le cas sur le Vendée Globe l’hiver dernier : des filtres de 30 microns, de 100 microns et de 300 microns pour intercepter et mesurer différentes tailles de microplastiques. Mais pour la première fois, le skipper embarquera également des filtres de 10 microns qu’il utilisera à l’embouchure des estuaires de Seine, Loire, Garonne et Rhône et dans lesquels les scientifiques lui ont demandé de ralentir. « Des filtres de plus petite porosité seront utilisés dans certaines zones comme les embouchures, avec des prélèvements plus réguliers afin de capturer des microplastiques de plus petite taille, sans risquer un colmatage du système, explique le Dr Catherine Dreanno, chercheure au laboratoire Détection, Capteurs et Mesures de l’Ifremer. Déterminer la quantité et la nature chimique de ces petits microplastiques est un vrai défi technologique ».
La navigation à bord d’un voilier de 32 pieds étant moins exigeante que sur un Imoca, le marin embarquera également un filet Manta de 300 microns pour réaliser des mesures en surface et ainsi enrichir le dispositif de son tour de France : ces prélèvements en surface viendront compléter ceux plus en profondeur de son capteur océanographique. « Nous avons déjà des données sur les niveaux de microplastiques en surface, explique Jérôme Cachot, Professeur des Universités à l’université de Bordeaux, laboratoire EPOC (Environnements et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux). Le filet utilisé par Fabrice pourra nous permettre d’affiner nos connaissances. En revanche, nous avons encore très peu d’informations sur les microplastiques que l’on retrouve plus en profondeur : or ce sont eux qui sont ingérés par le zooplancton et que l’on retrouve dans la chaîne alimentaire. Le capteur océanographique embarqué par Fabrice permet de mesurer ces niveaux de microplastiques. Cette campagne va permettre de compléter les données existantes et ainsi de mieux évaluer le risque de la pollution microplastiques pour les écosystèmes côtiers ».
Cette première étape du Tour de France Microplastiques prendra fin à la frontière franco-espagnole. Fabrice Amedeo partira ensuite en Méditerranée pour réaliser une nouvelle campagne de mesures et boucler son périple. « Il sera intéressant d’un point de vue scientifique, de comparer les concentrations et les types de microplastiques prélevés en Manche, en Atlantique et en Méditerranée où on s’attend à des concentrations dramatiques », explique Christophe Maes, océanographe physicien de l’IRD, Laboratoire d’Océanographie Physique et Spatiale.
Le capteur permettant également de mesurer le taux de CO2, la température et la salinité de l’eau sera également opérationnel lors des navigations le long du littoral français. Installé grâce au soutien d’Onet et Éléphant Bleu, tout comme le capteur de microplastiques, il permet de collecter des données en temps réel qui seront traitées, analysées et mises à disposition de la communauté scientifique internationale. Elles permettront d’enrichir les bases de données, de vérifier et de confirmer les données récoltées par ailleurs, par d’autres bateaux et systèmes de mesures.
Ce projet, qui mêle recherche scientifique et sensibilisation, est soutenu par Nicolas Hulot, parrain de l’opération et a reçu le coup de cœur de la Fondation Nicolas Hulot. « Les marins le savent et tout particulièrement Fabrice Amedeo, pour aller loin il faut parfois réduire la voile. Caler aussi son ambition aux circonstances et surtout apprécier sans arrogance ses propres limites. Ralentir pour maîtriser sa cadence. Une sagesse dont l’humanité devrait sans tarder s’inspirer pour préserver son avenir. Voilà aussi au-delà de la dimension scientifique de cette navigation citoyenne, le message en filigrane ! », écrit l’ancien ministre à propos de ce nouveau départ autour de la France.