La prudence comme maître-mot

Dans l’océan Indien, chaque décision compte. Entre dépressions en série et trajectoires soigneusement planifiées, Fabrice Amedeo privilégie la sécurité à la vitesse. Avec un bateau à préserver et une mission scientifique à mener à bien, le skipper de Nexans – Wewise poursuit son Vendée Globe sans pression liée à la performance, mais avec une détermination intacte : aller au bout, coûte que coûte, en respectant son rythme et celui de son bateau.

« Je suis vraiment entré dans le rythme du temps long propre au Vendée Globe. Je ne compte plus les jours depuis le départ, et je n’ai pas l’intention de commencer d’ici à la fin de cette aventure. Je vis chaque journée comme elle vient, et curieusement, elles passent très vite », explique Fabrice Amedeo. Parti des Sables d’Olonne depuis un mois désormais, le journaliste – skipper, qui a franchi le cap des Aiguilles dans la nuit de dimanche à lundi, évolue à présent dans l’océan Indien où les dépressions australes défilent en série, sans prévenir, et transforment les mers en véritables champs de bataille. « J’ai pris quelques précautions. Je suis parti sur une trajectoire un peu nord pour garder des conditions plus convenables, un peu comme pas mal de bateaux à dérives devant moi. D’ailleurs, beaucoup de concurrents au sud ont revu leurs plans et remontent en ce moment après avoir été malmenés », note le navigateur, bien décidé à jouer la carte de la prudence, quitte à rallonger un peu sa route. « Dans le vent fort, par souci de sécurité, j’ai tendance à sous-toiler et à ne pas avancer vite. Au final, je préfère être rapide plus nord et préserver mon bateau ».

Anticiper au maximum

De fait, en choisissant d’incurver sa trajectoire, le skipper de Nexans – Wewise est avant tout dans l’anticipation. Pour lui, c’est une nécessité vitale pour affronter les défis de cette aventure extrême qu’est le Vendée Globe. « L’idée est de préparer à l’arrivée de la grosse dépression prévue en milieu de semaine et potentiellement d’aller jouer avec un anticyclone ensuite, mais tout ça est à regarder car ça évolue pas mal », souligne le solitaire dont la stratégie est construite à long terme. « J’ai eu quelques petits soucis dans les alizés, dans l’hémisphère Nord puis dans l’hémisphère Sud. Depuis, plus rien, donc je fais très attention. Il y a quatre ans, je m’étais arrêté à Cape Town. Là, j’ai vaincu la malédiction. Je n’ai pas envie de m’arrêter en Australie non plus. Ma conduite est clairement dictée par la prudence. Le sens de mon Vendée Globe n’est pas de viser une performance mais de terminer et de réaliser toute la mission pour les scientifiques », rappelle-t-il.

Fabrice AMEDEO skipper de l’IMOCA NEXANS – WEWISE,à l’entrainement avant le départ du Vendée Globe 3024-2025, au large de Lorient le 26/09/2024, Photo Jean-Marie LIOT / Reporter du Large

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