Une traversée de l’océan Indien exigeante
Dans l’immensité de l’océan Indien, Fabrice Amedeo jongle entre fatigue, ajustements stratégiques et gestion du moral. Si les conditions sont éprouvantes et les leaders loin devant, il puise son énergie dans de petits bonheurs quotidiens et garde en tête l’approche de l’Australie, qui marquera une étape réconfortante dans cette traversée exigeante.
Naviguer avec un esprit d’aventure au milieu de compétiteurs acharnés, c’est affronter un défi d’une nature bien particulière. Quand certains voient chaque mille comme une bataille stratégique, Fabrice avance avec l’envie d’explorer, de vivre pleinement l’instant, de savourer le voyage autant que la destination. Mais dans cet environnement où chaque erreur coûte cher, où la moindre hésitation se paye en places perdues, il peut être difficile de ne pas se laisser happer par la pression de la performance. « J’avoue que c’est un peu dur d’être au milieu de l’Indien avec les leaders si loin devant et le groupe des bateaux à dérives qui compte maintenant quatre jours d’avance sur moi », a commenté le skipper de Nexans – Wewise pour qui, rester fidèle à sa propre philosophie tout en répondant aux exigences d’une course implacable, est un combat intérieur. « En ce moment, c’est un peu le ventre mou au niveau mental », a concédé le marin qui s’accroche néanmoins, porté par une ténacité et conscient que chaque mille parcouru devient un pas de plus vers l’objectif.
Un long bord pour retrouver des couleurs
« D’ici peu, je vais empanner pour entamer un long bord de 1 000 milles tout droit vers l’Australie. Ça va faire du bien au moral. Une fois en approche du cap Leeuwin, ce sera un peu plus léger, car j’aurai déjà laissé un gros morceau derrière moi », a ajouté Fabrice, qui sait, bien sûr, qu’il restera encore un autre grand défi à affronter devant, mais qui commencera alors à voir le bout de cet Indien, impitoyable toujours, mais parfois plus que d’autres. « Mon groupe de bateaux n’a pas été trop bien servi par la météo depuis le passage du cap de Bonne Espérance car on a fait très peu de route directe. Là, ça se décante un peu mais le premier tiers a été assez calamiteux. On a très peu avancé », a relaté le journaliste – skipper qui devrait en effet rejoindre assez rapidement le sud de l’Australie accompagné par un anticyclone.
Fatigue, résilience et petits plaisirs en mer
« Je me trouve dans une zone comprise entre une haute pression au nord et le nord des fronts, ce qui me permet d’ajuster ma trajectoire pour rester dans des conditions maniables, avec des vents suffisamment porteurs sans être trop violents. C’est, par ailleurs, rassurant sur le plan psychologique de savoir que dans cette situation, j’ai une échappatoire en cas de problème », a-t-il ajouté, bien fatigué en ce 36e jour de mer. « Cela affecte la précision de mes trajectoires et mon moral. Je prévois donc de me concentrer sur mon sommeil dans les deux prochains jours pour retrouver toute mon énergie », a précisé Fabrice qui trouve du réconfort ici et là, et notamment dans la nourriture. « J’ai quand même de quoi me faire plaisir à bord. Le matin, je prends un appertisé « English Breakfast », que je trouve vraiment bon. Et j’ai aussi mes petits carrés de chocolat, essentiels pour garder le moral. Ce qui me dérange un peu, c’est l’hygiène à bord. Les jours passent, et il est compliqué de se laver ou même d’enlever ses bottes. Je finis par « mariner » un peu dans mon ciré et mes bottes. Peut-être que je vieillis, parce qu’avant ça m’importait peu, mais maintenant, ça me pèse », a conclu Fabrice, malgré tout combatif et déterminé, fidèle à lui-même.