Une campagne inédite de largage de bouées sur le Vendée Globe
Fabrice Amedeo larguera 16 bouées de la start-up brestoise eOdyn dans les mers du sud cet hiver durant le Vendée Globe. Objectif : obtenir de précieuses données sur les vagues et les courants à ces latitudes australes et mieux comprendre les dynamiques d’éparpillement des macrodéchets et des microplastiques. Ce projet s’inscrit dans le prolongement de la campagne de mesure qui sera réalisée par le voilier Nexans – Wewise équipé d’un capteur océanographique.
Alors que son 60’ IMOCA aux couleurs de Nexans – Wewise est équipé de différents capteurs océanographiques permettant de collecter des données en mer destinées à mieux comprendre l’impact et les conséquences du réchauffement climatique et des gaz à effets de serre sur les océans, Fabrice Amedeo a choisi d’aller encore plus loin pour aider la communauté scientifique.
Lors de son Vendée Globe, le navigateur déploiera ainsi un total de seize bouées Melodi. Des bouées dérivantes éco-conçues développées par la start-up bretonne eOdyn, spécialisée en océanographie et analyse de données massives, permettant de mesurer le spectre et la hauteur des vagues, la température et les courants. « Les mers du Sud sont un terrain qui nous intéresse particulièrement car il est sous-documenté », avance Christophe Maes, chargé de recherche à l’IRD (Institut de Recherche et de Développement), rappelant, de fait, que les navires commerciaux ne naviguent pas en dessus du 35e parallèle Sud.« Les bateaux d’opportunité tels que les bateaux de course offrent des possibilités nouvelles et très intéressantes pour se focaliser sur des hotspots des régions du sud », explique l’océanographie – physicien qui a choisi, en accord avec le navigateur et les scientifiques d’eOdyn, de larguer neuf bouées dans l’océan Indien, cinq dans le Pacifique Sud et deux en Atlantique après le passage du cap Horn. « Dans les régions subtropicales, l’océan est convergent, ce qui veut dire qu’il y a une espèce d’accumulation des déchets plastiques en surface, exactement sur le même processus que ceux que l’on retrouve dans la mer des Sargasses, dans l’océan Atlantique Nord, ou dans le Pacifique Nord, entre Hawaï et la Californie – le Great Pacific Garbage Patch (GPGP) », poursuit Christophe Maes. « On soupçonne très fortement qu’il en existe une au sud de l’Indien mais on ne sait pas la localiser avec précision et on ne connait pas très bien sa dynamique, d’où l’intérêt de mettre un maximum de bouées à ce niveau-là ». Ces fameuses bouées, équipées de batteries et de capteurs solaires, qui ne sont autres que la version moderne de la bouteille à la mer, enverront des données par satellites en temps réel (toutes les trente minutes) pendant six mois, et peut-être jusqu’à un an. « L’objectif, avec ce dispositif, est de compléter notre réseau d’observation. Où ces bouées vont-elles aller ? Vont-elles dériver vers le sud et être prises dans le circumpolaire ? Vont-elles s’éparpiller partout ou, au contraire, prendre une trajectoire d’ensemble en étant transportées comme des particules neutres par le courant de surface ? Certaines réponses à ces questions vont nous permettre mieux comprendre la dynamique de l’océan et les mécanismes complets de la convergence dans la région subtropicale. De confirmer ou non nos modèles numériques », indique de son côté Gwénaëlle Jan, Directrice scientifique chez eOdyn, dont le but, tout comme Christophe Maes, est de mieux comprendre les autres paramètres qui seront mesurés par Fabrice Amedeo pendant sa course, et en particulier les microplastiques.