Le sommeil ou la clé de la performance
Au large, le sommeil est un facteur clé de la réussite d’une course. Trouver le bon moment pour aller dormir, ajuster la durée ménageant le compromis idéal entre récupération et marche du bateau, adopter la bonne position… autant de cases à cocher pour s’assurer de garder toute la lucidité dont un marin a besoin pour tracer sa voie océanique. Depuis longtemps, Fabrice Amedeo s’est non seulement « penché » sur la question du sommeil, mais en a également fait un sujet d’étude et de performance.
Pour bénéficier d’un sommeil optimisé, Fabrice a veillé à se ménager un « environnement » favorable à bord. Dans ce cadre, il contacté la société Simmons, leader mondial en matière de literie haut de gamme. L’an dernier, le bureau d’étude de l’entreprise a travaillé à la conception d’un matelas unique afin de s’adapter aux conditions du bord. Pour Fabrice, c’était une nécessité.
« Le bateau à foils a des trajectoires saccadées entre ses vertigineuses accélérations et ses plantés dans les vagues. Cela rend la vie à bord très inconfortable. » Trouver le sommeil est donc un challenge à part entière au large. « L’essentiel, c’est d’être bien calé dans son matelas. C’est la seule condition pour avoir un réel relâchement musculaire et favoriser le sommeil paradoxal ».
Dimanche prochain, Fabrice Amedeo et Eric Péron prendront le départ de la Transat Jacques Vabre – Normandie Le Havre avec ce matelas révolutionnaire à leur bord. Une arme secrète qui leur permettra de tirer le meilleur parti de leurs plages de repos respectives.
Depuis 2008, le skipper de Newrest – Art & Fenêtres a fait du sommeil un axe de réflexion, d’abord pour répondre à un impératif de sécurité et dans le but de se prémunir au mieux des effets nocifs liés à la privation de temps de repos en mer. Il rencontre alors Bertrand de la Giclais, médecin chef du centre du sommeil d’Annecy et membre du centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu et de l’European Sleep Center à Paris. La collaboration entre les deux hommes, qui implique également la société SOS Oxygène qui commercialise du matériel pour soigner les troubles du sommeil, s’est révélée particulièrement fructueuse et bénéfique pour Fabrice qui a appris à connaître son rythme optimal et surtout à déterminer ses fameuses portes du sommeil, ces moments auxquels il faut aller dormir pour s’assurer une sieste récupératrice. Ce travail a permis au skipper de se focaliser uniquement sur le sommeil long et profond et d’évacuer le volet léger du cycle.
En plus d’être bénéfique pour la sécurité et la performance de Fabrice Amedeo à bord, les études auxquelles il a participé ont un impact sur la recherche liée au sommeil. Car tous les secrets du sommeil n’ont pas encore été percés par les scientifiques. Lors de sa dernière participation à la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, Fabrice Amedeo a ainsi contribué à en savoir plus sur le sommeil polyphasique du marin (le fait de dormir par petites bribes et non en un gros bloc de sommeil). En effet, l’étude menée sur la transatlantique révèle que le marin sécrète de la mélatonine – l’hormone de l’endormissement – pendant la journée alors que les scientifiques étaient persuadés qu’elle n’était sécrétée par le corps que pendant la nuit. Une connaissance accrue de ses besoins et des échanges entre le marin et le médecin qui devraient déboucher sur la rédaction d’un livre dans les mois prochains.